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La médecine et le tango
 
     Tango thérapeutique  

    Dans une milonga de Buenos Aires, mon regard s’est posé sur le prospectus Tangoterapia. Me sont de suite revenus à l’esprit les derniers articles de Toutango qui s’interrogeaient sur les nouveaux liens du tango avec des médecines diverses. Nouveaux ? Revoyons un peu l’histoire.

    Déjà, le tango du prospectus, Andá que te cure Lola, suggère une thérapie proposée par une certaine Lola ! Ce n’est pas nouveau du tout, mais c’est un peu facile…

    Alors, remontons le temps. En 1913, à Paris, le poète Pierre Handrey, dans un poème " La Médecine et le Tango » recommande vivement le tango :

    " La Faculté de Médecine […] conseille ce que voici : « Pour développer la poitrine / Et les muscles abdominaux / Puis ceux des hanches leurs voisines / Même pour les bras et le dos, // Dansez le Tango, jeunes filles ! »[…] / Et le progrès de notre race / Sera l’ouvrage du Tango ". *

    Traversons les océans. Mario Canaro raconte une visite de Augusto P. Berto au docteur Pedro Chutro pour qu’il soigne l’un de ses musiciens. Et le chirurgien renommé impose une condition : « Que son ami ne me dédicace pas de tango… ». C’est dire si la dédicace aux médecins était chose courante.

    Et la médecine envahit la thématique du tango. Mettons un peu d’ordre dans tout cela.

    Il y a d’abord tous les tangos écrits pour les fêtes des étudiants en médecine, comme le Bal de l’Internat. C’est Canaro qui offre pour le premier bal, en 1914, le tango Matasano (Qui tue les bien-portants). Il sera suivi, entre autres, par El anatomista, puis, faute d’imagination, par les numéros des bals jusqu’à El once (Le onzième).

    Par ailleurs, les noms des principaux hôpitaux défilent dans les anthologies : Clínicas, Rawson, Pirovano, El Piñerista (de l’hôpital Piñero), Hospital Durand, San Roque, etc…

    Suivent les différents praticiens : El internado, El estagiario, El oculista, El cirujano (le chirurgien).

    Ensuite, on dirait que les noms des tangos balisent le parcours médical. On commence par El consultorio Cochabamba, ou par Primer auxilio, La visita. On se contente d’un vaccin : Aquíse vacuna (Ici on vaccine). Ou l’on passe à l’observation : Tomame el pulso (Prenez-moi le pouls), Pulsofirme (Pouls soutenu). Attention à l’hospitalisation : Caso grave, Sala 6, El microbio, El bacilo…Pulmonía doble, Trepanación...  

    Diagnostic pessimiste : Comó se pianta la vida (Comment on abandonne la vie), No hay remedio, El último suspiro, El tango de la muerte.

    L’auteur Antonaccio se demande : ¿Qué hacemos con el cadáver? Robertazzi lui répond : La morgue ! Et Loduca suggère : Chacarita (le vieux cimetière de Buenos Aires).

    Mais parfois, c’est le rétablissement grâce à la pharmacopée : Bicarbonato, Amoníaco, Bicloruro, Sulfato de Soda, Cloroformo. Grâce à la Mano de oro du docteur. Grâce aussi à Reumil, tango injectable ! Et Antonio Catuara termine sur une note optimiste : Restablecido (Rétabli).

    Alors, n’ayons pas d’inquiétude pour les petites fièvres du tango. Il s’est égaré dans les maisons closes, dans les hôpitaux, dans les salons huppés parisiens, dans les forêts finlandaises. Il peut sans risque faire un détour dans les clubs zen, yoga ou les cours Pilate. Il a un tempérament à s’en remettre…

André Vagnon

Notes  : Luis Alposta, dans son livre El Lunfardo y el Tango en la Medicina, a répertorié 135 tangos liés au domaine médical !

* poème cité par Béatrice Humbert, dans Tango nomade, de Ramón Pelinski.

Article paru dans le n° 12, juillet, août, septembre 2007, de la revue Tout Tango.
Avec l'aimable autorisation de la rédaction.

 
Les tangos liés à la thématique de la médecine, des médecins, des hôpitaux, des remèdes, etc...
 
  • El bisturí
  • El internado
  • Matasano
  • Seiscientos seis [ 606 ] ▲▲
 
Références bibliographiques
 
  - Alposta Luis, El lunfardo y el tango en la medicina. ▲▲