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Histoire du tango
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Histoire des formations orchestrales
 
 
Page 1 ( origines / vieille garde )
 
Les origines. Dernier quart du XIX° siècle ▲▲
 
Contexte
    Entre 1871 et 1880, 260.885 immigrants entrent en Argentine. En 1880, Buenos Aires compte 210.000 habitants. En 1910, 1.200.000 habitants, provenant essentiellement de l'immigration européenne.
 
Peinture de Sigfredo Pastor
            Le trio des origines.

     Durant le dernier quart du XIX° siècle, lorsque le tango se différencie nettement des genres musicaux qui lui ont donné naissance, des formations musicales assez spontanées s'improvisent selon les hasards des rencontres de musiciens amateurs. Les instruments, très variés, sont ceux que ces musiciens populaires pratiquent ▲▲.
    La formation la plus commune est un trio : violon, flûte et harpe. Se joignent parfois mandoline, concertina ▲▲ ou harmonica, selon la tradition italienne de nombreux musiciens.
    Les musiciens n'ont pas de formation musicale. Ils ne savent pas lire les notes et jouent d'oreille. Les morceaux sont souvent des improvisations sur des tonalités et des mélodies simples. Les autres musiciens mémorisent d'oreille le morceau, qui reste dans le répertoire du groupe tant que celui-ci existe. Ils jouent des tangos, et également les airs à la mode : valses, polkas, habaneras, mazurkas, quadrilles. Mais il n'y a pas de partition écrite, et les enregistrements n'existent pas encore. Donc beaucoup de ces thèmes ont été perdus.
   Cette musique se joue dans les quartiers les plus populaires. Le rythme est assez soutenu, primesautier. Parfois des paroles sont ajoutées, surtout lorsque ces thèmes sont joués dans le milieu de la prostitution.
    La danse est rapide, leste, et les danseurs se doivent de faire montre de leur agilité et de leur virtuosité.
    Puis la guitare remplace la harpe, pour donner la base rythmique. Le trio violon, flûte, guitare dure jusqu'à l'arrivée du bandonéon.
 
1900-1915. La Vieille Garde
 
Contexte
- 1910 : émergence des classes moyennes.
 
                 Le bandonéon ▲▲

    Venu d'Allemagne, le bandonéon fait son apparition en Argentine dans le dernier quart du XIX° siècle. Il est de la famille de l'accordéon et du concertina.
    C'est encore un instrument rudimentaire, avec 32 notes, parfois moins, proche du
concertina qui a précédé sa naissance.
   . Au cours de son évolution, il passe à 53, puis 65, puis enfin 71, dans sa forme plus récente. Cette structure, la plus répandue dans l'histoire du tango, est un diatonique à 142 voix (bi-sonore, soit une note différente suivant que l'on pousse ou que l'on tire) qui possède 38 boutons dans le registre aigü et médium (main droite), et 33 boutons pour les basses (main gauche).  
    Dans les débuts, ce sont souvent des accordéonistes italiens qui l'adoptent. Mais sa technique est assez différente et difficile. Et il est pratiqué par des musiciens intutifs, sans formation musicale. De ce fait, le rythme est très ralenti pour suivre la relative #maladresse des premiers bandonéonistes. Et le tango perd le caractère léger, primesautier, que lui conférait l'agilité et la tonalité de la flûte. De joyeux, le tango devient plus lent, grave, sentimental.
    Bandonéon et flûte coexistent quelques temps avant la disparition de cette dernière.
    Parmi les bandonéonistes qui ont assuré cette insertion du bandonéon dans l'orchestre, on peut relever le nom de Eduardo Arolas ▲▲.
 
                                                  Piano et guitare
    Le piano ▲▲ est d'abord seul, dans les établissements qui peuvent s'offrir ce luxe. Ce sont les lupanars ou les restaurants à la mode. Comme soliste, il convient bien à la discrétion musicale exigée dans ces lieux.
    Puis, dans les trios, il remplace peu à peu la guitare, lorsque le tango pénètre dans des lieux moins populaires. La guitare reviendra beaucoup plus tard, dans les orchestres, après l'âge d'or.
    Mais la guitare subsiste lorsque la formation a besoin de mobilité. Elle reste aussi l'instrument presque exclusif pour accompagner les chanteurs. Ainsi, Carlos Gardel n'a que très rarement enregistré avec orchestre, ce qu'il n'aimait pas.
    A l'origine, elle subsiste aussi dans les trios, à la place du piano, lors des enregistrements sur disques, à cause des difficultés techniques pour concilier le volume sonore du piano et l'équilibre musical de l'ensemble.
 
    Le lieu de grande diffusion du tango est le café avec orchestre, notamment à La Boca, dans lesquels rivalisent les orchestres écoutés avec attention depuis les tables. On commence à écrire et à éditer ▲▲ les partitions de tango. La musique reste rudimentaire même si l'on distingue peu à peu les styles de chacun.
 
                                  Fanfares. Harmonies. Orphéons.
     Mais ce qui contribue à sortir le tango du milieu très spécial dans lequel il s'est développé, c'est l'existence de nombreux orchestres publics qui se produisent lors de fêtes, de carnavals, de kermesses. Ces orchestres intercalent les tangos en vogue dans leur répertoire très hétérogène. Ils sont constitués d'instruments divers, souvent des instruments à vent, adaptés aux prestations à l'extérieur. C'est donc par leur intermédiaire que le grand public découvre toute cette musique.
    Ainsi, les différents corps de l'armée et la police possèdent leur propre harmonie. Etant connus et structurés, ces orchestres sont les premiers à enregistrer.
 
1911
 
Orquesta Típica Criolla, de Vicente Greco
 

                                             Orquesta Típica Criolla.
    Pour différencier clairement les orchestres de tango des autres formations musicales sur les enregistrements, la maison de disque
Casa Tagini, qui édite les disques de la marque Columbia, s'adresse à Vicente Greco ▲▲ qui propose, pour son orchestre, l'appellation Orquesta Típica Criolla , qui se simplifie assez rapidement en Orquesta Típica.
   
José Tagini offre à Genaro Esposito ▲▲ et son orchestre un contrat avec Columbia.
   Cette formation comporte six musiciens : deux bandonéonistes, deux violonistes, un piano ou une guitare, une flûte. C'est le prédecesseur du
Sexteto Típico, orchestre traditionnel de base du tango.
   Jusque-là, le tango était assez indifférencié, et les musiciens s'interchangeaient au gré des disponibilités. A partir de ce moment, des styles interprétatifs apparaissent et distinguent compositions et formations orchestrales.    

 
                                    Traditionalistes et évolutionnistes.
    Naissent alors deux directions différentes dans l'évolution du tango : la tendance traditionaliste, illustrée par
Francisco Canaro ▲▲ et la tendance évolutionniste, illustrée par Roberto Firpo ▲▲.
     Le traditionaliste, comme Canaro, se reconnaît à son style très marqué du quatre temps, pour une musique qui doit servir d'abord la danse, et des mélodies assez peu phrasée. Cette ligne aura ses adeptes jusque dans les années 50 et même jusqu'à aujourd'hui.
    En revanche, comme Firpo, l'évolutionniste laisse plus de place à la mélodie, privilégie les cordes et un phrasé plus coulé. Le piano assume une place rythmique importante, mais aussi marque la progression harmonique et ornemente la mélodie. Ce courant comptera
Enrique Delfino ▲▲ puis, bien sûr Julio De Caro ▲▲. La musique compte plus que la danse.
 
    Le disque ▲▲ participe désormais à la diffusion du tango, comme le moyen le plus efficace de conquête des différentes classes sociales.
 
1912
 
    Le tango franchit les portes des grands salons, à l'initiative du Baron De Marchi qui organise une rencontre célèbre au Palais de Glace, durant laquelle s'illustrent des danseurs qui ont gommé les aspects les plus rugueux du tango ancien.
    Le succès du tango à Paris entraîne un puissant effet de mode à Buenos Aires. Et les cabarets, conçus à l'imitation de Paris, se multiplient, comme
l'Armenonville en 1913 ▲▲, dans lesquels les orchestres jouent pour les danseurs " de salon ".
 
1914
 

                                            Roberto Firpo et le piano
    
 C'est Firpo qui trouve une solution pour intégrer le piano dans les orchestres, lors des enregistrements ▲▲.
    La flûte disparaît peu à peu des formations musicales, remplacée par le bandonéon.
    Quelques essais de percussions ou de batteries n'ont pas vraiment de suite car leur son agressif perturbe trop l'équilibre musical. Et c'est la contrebasse qui vient assurer la base rythmique, en éliminant complètement la guitare de l'Orquesta Típica. Alors, nombre de guitaristes deviennent contrebassistes.

 
    Ainsi se stabilise pour longtemps la composition du Sexteto Típico :
   deux bandonéons, deux violons, un piano, une contrebasse.
 
L'orchestre de Julio de Caro, fondé en 1924,
donne un bon exemple de Sexteto Típico.
A noter le violon-cornet de Julio De Caro.
 
 
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